espionnage, Syrie
D’après le Times, Le meilleur thriller d’espionnage. Je ne suis pas fan de romans d’espionnage (je m’y perds entre les espions et les contre-espions), mais le côté thriller me tentait, sans oublier le fait que l’action se déroule dans la Syrie de Bachar el-Assad.
Les jeux d’espionnage et de contre-espionnage n’ont pas été trop difficiles pour moi (ouf, j’ai bien tout suivi).
J’ai aimé que l’auteur ne fasse pas la part belle aux américains : eux aussi se fond entourlouper par des espions russes ou syriens.
J’ai aimé le regard du personnage sur Bachar : un grand type dégingandé avec un long cou de girafe. J’ai trouvé la description assez juste.
J’ai détesté sentir l’omniprésence de la peur des syriens qui ne savent jamais quand ni qui va frapper à leur porte à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit.
J’ai adoré le personnage d’Artemis Aphrodite Procter, la cheffe du bureau de Damas, petite femme pleine d’énergie qui n’hésite pas à utiliser un vocabulaire fleuri pour dire ce qu’elle a à dire et faire part de ses émotions.
L’auteur étant un ancien de la CIA, j’ai appris que dans le bâtiment du QG aux Etats-Unis existait le seul distributeur de hot-dog du pays et que l’ambassade américaine de Damas avait été assiégée et avait reçu des fruits et légumes pourries.
Un roman qui montre le fonctionnement du pouvoir syrien : la famille el-Assad vous tient de quelque manière que ce soit ou vous laisse mourir de faim.
L’image que je retiendrai :
Celle de tasses de café qui explosent contre les murs quand les chefs ne sont pas content, aussi bien du côté américain que russe.
Israël
Je découvre l’auteur de polar israélien Yishaï SARID avec ce roman qui date de 2000 (2015 chez Actes Sud).
J’ai aimé suivre le narrateur, avocat sans grande envergure, qui se voit confier le cas d’une jeune fille accusant de viol son supérieur pendant son service militaire.
Aidé de Koby, son adjoint dans cette enquête, ils vont tenter de cerner ce qu’il s’est passé dans ce parc le fameux jour.
J’ai aimé le narrateur, dépassé par l’enquête entre une jeune fille mutique qui souffre de dépression et un jeune soldat prometteur qui prend soin de ses hommes.
J’ai eu de la peine pour lui chaque fois qu’il rentrait chez lui et qu’il retrouvait sa colocataire neurasthénique.
J’ai eu du mal à cerner Niva, la plaignante : est-elle une menteuse ou une jeune fille mal dans sa peau entre un père autoritaire et une mère toujours fourrée chez le rabbin ?
J’ai aimé découvrir Erez, le soldat incriminé, qui est d’un autre temps, celui des conquêtes bibliques.
J’ai adoré découvrir un peu du pays à travers les pages de ce roman, sa population ultra-armée ou très religieuse, sa jeunesse perdue entre deux mondes.
Une lecture qui ouvre sur ce pays toujours en guerre.
L’image que je retiendrai :
Celle du narrateur qui se rend tous les soirs à la plage pour regarder la mer.
Finlande, guerre
Un roman de Norek qui n'est pas un polar ? Et pourquoi pas.
L’auteur nous plonge dans la « guerre d’hiver » qui a vu s’opposer la Finlande à l’URSS du 30 novembre 1939 au 13 mars 1940. L’ogre Staline a voulu annexer ce nouveau petit pays sans y parvenir complètement, ses armées rencontrant une résistance acharnée.
Pensez-donc : ce nouveau pays s’est soudé contre l’envahisseur commun, et les russes ne devaient déclarer que des victoires.
L’auteur suit Simo Häyhä, jeune prodige au tir, entrainé par son père depuis son enfance à ne prélever dans la nature que ce dont il a besoin. Avec ses amis Toivo et Onni, ils partent donc comme tous les hommes au front, celui de Kollaa.
J’ai aimé que l’auteur décrive à la fois ce qu’il se passait du côté Finlandais et du côté russe.
J’ai aimé les rebellions des hommes issus des différents pays qui composaient l’URSS (géorgiens, ukrainiens, moldaves, arméniens, lituaniens et j’en passe), hommes qui devaient passer en premier se faire tuer, les russes passant après.
J’ai découvert les Lotta, les infirmières sur le front.
Et bien sûr, j’ai découvert Simo qui se débat avec sa conscience et sa colère tout au long de ces 105 jours de guerre. J’ai aimé sa modestie et son envie de rester au milieu, un lieu sûr où l’on ne se fait pas voir.
J’ai découvert « L’horreur du Maroc », le capitaine Aarne Juutilainen, littéralement né pour combattre et qui n’hésite pas à monter au combat.
J’ai aimé que ce peuple si brave aie été un des levier de la défaite d’Hitler (qui, suite à la défaite de l’URSS a lancé son offensive contre Staline, allant au casse-pipe).
J’ai donc découvert Simo, surnommé La mort blanche, sniper hors-pair dont les conseils sont encore utilisés de nos jours.
Un roman sur le courage devant l’adversité, sur le combat de David contre Goliath, sur la victoire de l’humain contre la tyrannie.
L’image que je retiendrai :
Celle des soldats russes apprenant à faire du ski pour se déplacer vite comme les finlandais, ce qui fait bien rire ces derniers qui pratique le ski depuis leur plus jeune âge.
Croatie
Je retrouve avec plaisir la plume efficace de Jurica PAVICIC pour ce troisième roman traduit en français.
Nous suivons cette fois Ines, sa mère Katja et l’enquêteur Zvone. Ce qui les relit : le meurtre de la jeune Viktorija Reba dans une usine désaffectée.
Ines travaille dans un hôtel à touriste à Split, l’occasion pour l’auteur de nous parler de cette ville aux décors historiques qui accueille des touristes du monde entier à la belle saison. Le reste de l’année, c’est une ville pluvieuse et sans animation.
Le père de Zvone et la famille d’Ines habitent dans des immeubles construits au temps de la splendeur communiste. Souvent hérités de grands-parents, les logements sont restés dans leur jus.
J’ai aimé les coups de griffe de l’auteur envers les « vertueux urbanistes » (p.68) et autres caciques du Parti.
J’ai aimé que l’auteur me parle des anciens combattants de l’armée Croate : le père de Zvone a fait cette guerre et en est revenu malade à ses 30 ans. 30 ans plus tard, il souffre encore.
L’auteur décrit des habitants qui appartiennent soit à la classe laborieuse, soit à la classe dirigeante.
L’auteur laisse le personnage de Mario, le frère d’Ines, dans l’ombre. Il apparaît peu, a toujours un visage indéchiffrable, et pourtant c’est autour de lui que tourne le roman : a-t-il tué Viktorija Reba ?
Ce roman pose la question de l’acte violent non prémédité : Zvone en est incapable, mais son père a pu le faire pendant la guerre.
Un roman qui pose aussi la question de la réaction de la mère du coupable qui, dans ces pages, cache les preuves incriminantes. Une mère des douleurs qui protège son enfant meurtrier.
J’ai aimé le regard sans concession de l’auteur sur son pays qui après Tito a connu la guerre, et maintenant les réseaux sociaux (autre catastrophe capable de détruire des vies).
Une citation :
(Les bijoux) termineront sur un tas comme l’or cassé pour la revente. Avec ces bijoux de famille, on achètera une voiture d’occasion ou des billets pour le Canada, on remboursera des dettes, on ouvrira un commerce ou on effacera une hypothèque. Ce qui a été acquis en grande pompe finira par être vendu discrètement et avec un brin de honte. C’est ainsi – Ines l’a compris au bout de quelques jours – que tourne l’économie circulaire de l’orfèvrerie. (p.293)
L’image que je retiendrai :
Encore une fois, on cuisine beaucoup dans ce roman : la mère Katja mais aussi sa fille (des œufs à la pancetta).
Les stripteaseuses ont toujours besoin de conseils juridiques
De Iain Levison
Traduit par Emmanuelle Aronson, Philippe Aronson
Liana Levi
humour
Quel plaisir de retrouver la plume enlevée de l’auteur qui nous fait découvrir cette fois-ci les arrières-cours de la justice américaine.
Nous suivons Justin Sykes, avocat commis d’office et célibataire, qui accepte de se rendre un soir par semaine dans le club de striptease de la ville pendant une heure pour renseigner les filles ayant des problèmes. Si il dort en plus dans le motel en face, il touchera mille dollars.
Ce n’est pas tant cette histoire de boulot trop bien payé qui m’a intéressé que les négociations que mène Justin avec le procureur pour chaque cas qu’il doit défendre.
J’ai adoré que Justin, formé dans une très bonne université de l’Est, damne le pion au procureur, fils de, qui n’excelle pas dans son métier.
L’auteur montre que la majorité des cas aux Etats-Unis ne passent pas en jugement mais font l’objet de marchandages concernant la durée de la peine du prévenu.
Et si, comme c’est le cas dans ce roman, le procureur n’a pas envie d’aller au procès, les tractations ont lieu pour chaque cas.
Un roman léger et grinçant.
L’image que je retiendrai :
Celle de la voiture de Justin dont le siège avant est modifié sans qu’il le sache.